Un des plus grands défis éducationnels que les parents rencontrent actuellement est la gestion des écrans à la maison : comment contrôler la consommation numérique des enfants (smartphone, réseaux sociaux, iPad, jeux vidéo) dans notre monde hyperconnecté ?
En Suisse, 80% des élèves possèdent un smartphone à la fin de l’école primaire (vers 12 ans), un tiers des 6-7 ans ont leur propre tablette et les jeunes passent 180 minutes sur leur smartphone chaque jour. Le temps d’écran est devenu le nerf de la guerre dans la plupart des familles et les adolescents se retrouvent de plus en plus isolés dans leur monde virtuel, ouvrant la porte à l’anxiété et à la dépression.
Alors comment aider ces parents démunis et ces enfants en proie à une surconsommation numérique toxique pour leur santé et leur bien-être ?
D’un côté, le manque de connaissance chez les parents des effets des écrans sur le cerveau des enfants, sur leur santé physique et mentale engendre un laxisme dans leur parentalité numérique. D’un autre côté, l’angoisse de certains parents pousse à interdire tout écran à la maison, croyant protéger leurs enfants, ils sont loin de se douter que leur progéniture consomme du numérique ailleurs et autrement. Dans les deux cas, ces familles sont dans des extrêmes qui porteront préjudice au bon développement de leurs enfants.
Il est temps d’éduquer les parents sur les effets scientifiquement prouvés des effets physiologiques, psychologiques et comportementaux d’une utilisation excessive des outils numériques par les enfants. Le cerveau de ces derniers n’est pas une réplique miniature de celui des adultes. Il est différent et encore en plein développement jusqu’à 25 ans. Ses fonctions exécutives (partie du cerveau impliquée dans la planification, le contrôle, la flexibilité mentale) ne sont pas encore complètement opérationnelles et voilà pourquoi les enfants et les adolescents ont besoin de parents qui jouent ce rôle et posent des limites. Une utilisation excessive des écrans chez les jeunes peut justement altérer le développement de ces fonctions exécutives ce qui peut les empêcher de faire les bons choix.
Afin d’éviter la confusion des rôles, il est aussi important de rappeler aux parents l’importance de leur autorité naturelle quand il s’agit de gérer l’utilisation des écrans de chaque membre de la famille. Expliquer pourquoi les adultes peuvent passer plus de temps devant leur écran, parler de son utilisation, proposer une charte familiale sur les écrans sont des actes qui donne du sens, des limites et du respect.
Finalement, pour ne pas céder à la pression ambiante, se rappeler qu’on a toujours le choix : le choix de donner un smartphone à sa fille de 11 ans ou pas, le choix de télécharger ce jeu vidéo ou pas, le choix de laisser son enfant tout un samedi après-midi sur sa tablette pour avoir la paix ou pas.
En se reconnectant avec leur instinct, les parents reprennent le contrôle. Or, pour vraiment devenir de bons parents numériques, il est nécessaire de développer certains réflexes.
Voici cinq pratiques essentielles pour retrouver une harmonie familiale et protéger les enfants des excès :
- Limiter: le temps d’écran doit être convenu en avance et être respecté. Il varie selon l’âge de l’enfant, sa sensibilité et son activité numérique.
- Partager : en jouant aux jeux vidéo ensemble ou en regardant des films en famille, en n’allumant que la télévision et en éteignant les autres appareils comme les tablettes, les smartphones et les ordinateurs portables.
- Alterner : en proposant un temps offline équivalent au temps passé derrière l’écran et surtout une activité qui fait bouger, à l’extérieur idéalement.
- S’informer : en se renseignant en amont sur les jeux, les réseaux sociaux, les apps avant de les télécharger sur l’appareil de l’enfant. Tester et voir si cela est approprié.
- Inspirer : en montrant l’exemple d’une utilisation numérique équilibrée, en adoptant une hygiène de vie saine, en partageant ses connaissances acquises en ligne et à travers les livres, en proposant des moments sans écrans pour renforcer la connexion familiale.
Notre monde ne retournera pas en arrière et les nouvelles technologies continueront d’évoluer très vite mais il est possible de garder l’équilibre et des repères en privilégiant une approche éducative au numérique intelligente, en modérant la consommation et en privilégiant les échanges d’expériences virtuelle et réelle.
Article proposé par Aurélie Andriamialison, Psychologue FSP. Aurélie est coach de vie pour enfants et formatrice. Elle propose des programmes de coaching pour enfants, adolescents et leurs familles, ainsi que des ateliers en parentalité numérique pour mieux comprendre le développement du cerveau, les effets des écrans sur les enfants et partage des solutions pour prévenir la consommation numérique excessive.
Pour plus d’informations sur les activités et les programmes d’Aurélie Andriamialison :